Thank you mentor
par Alain Tanugi
Le 30 janvier 2020 avait lieu la journée internationale « Thank You Mentor ». Si cet événement a été l’occasion pour des associations de se faire entendre sur la nécessité de faire du mentorat un pilier des politiques publiques, nous pouvons nous interroger sur sa place en entreprise et, notamment, auprès du dirigeant. Et si, aujourd’hui, la généralisation du mentorat à tous nos dirigeants était la voie à suivre ?
Le mentorat, un accompagnement voulu et assumé
Prenons, comme souvent, un exemple dans le monde anglo-saxon : conscient d’énormes changements à venir, alors qu’il prenait la Direction financière d’une entreprise (Standard Life) qui devait connaître une profonde évolution, David Nish s’est tourné vers Niall FitzGerald, l’ancien Président d’Unilever qui est alors devenu son mentor. Leur relation fut d’une telle efficacité que, trois ans plus tard, Nish était nommé CEO de Standard Life. Ils poursuivirent leur relation mentorale pendant les trois années suivantes et le succès fut tel que Nish décida, de son propre chef, de passer la main, l’essentiel de la transformation de l’entreprise ayant été accompli dans un délai plutôt court, ce que le Conseil d’Administration, les médias et le marché reconnurent pleinement.
Le mentorat, des bénéfices inégalés
David Nish a ainsi pu faire une vraie différence ! Grâce au mentorat, il a pu s’affirmer, réaliser un recentrage stratégique audacieux, abattre les murs d’un système hiérarchique lourd et miser sur la performance de l’entreprise et de ses talents. Effet simplement collatéral, mais à noter tout de même, le cours de l’action de l’entreprise a atteint, en trois ans, un niveau record lui permettant ainsi de se positionner en leader de son secteur !
D’ailleurs, dans une enquête menée auprès de dirigeants ayant bénéficié de l’accompagnement d’un mentor, 71% déclarent que la performance de l’entreprise s’est améliorée, 69% indiquent qu’ils ont pris de meilleures décisions et, surtout, 84% reconnaissent que leurs mentors les ont aidés à éviter des erreurs et à mieux gérer leur rôle de dirigeant. Ces chiffres valident la solidité de la démarche d’un nombre croissant de dirigeants, devenus de vrais adeptes du mentorat.
Ceci est un exemple, parmi tant d’autres, où prendre l’initiative de se trouver un mentor de grande qualité permet aux dirigeants de ne plus porter seul le fardeau des évolutions, positives comme négatives, que traverse leur entreprise, de mieux mesurer les enjeux et de prendre plus souvent de bonnes décisions face aux problèmes qu’il rencontre. Autant de situations qui nécessitent des échanges réguliers avec son mentor.
Le mentorat, à ne pas confondre avec le coaching !
Attention toutefois à ne pas confondre mentorat et coaching ! Le mentor a l’atout de faire grandir le dirigeant en le faisant profiter de sa propre expérience : il est aussi passé par là. Il lui partage sa sagesse et son recul face à des crises qu’il a déjà traversées lui-même et auxquelles le dirigeant accompagné se retrouve confronté.
Traditionnellement, la relation mentorale conduit à poser des engagements clairs garantissant le respect d’une grande confiance mutuelle et d’une confidentialité totale. C’est la seule condition pour que cela fonctionne : le mentoré peut se confier en toute sécurité. Il œuvre au même objectif avec son mentor, tout en organisant librement avec lui le processus d’échanges. Il est indispensable, du reste, que le mentor ne soit pas le patron ni, de préférence, un ami du mentoré. Une amitié peut cependant se construire au travers du lien créé entre eux dans leur relation mentorale de long terme.
Une relation gagnante !
Vous l’aurez compris, avec un bon mentorat, tout le monde y gagne. Véritable pilier du dirigeant (mais aussi de ses cadres à haut potentiel qui pourront avantageusement bénéficier du soutien d’un mentor), il peut s’avérer un véritable rempart à la solitude que nombre d’entre eux ressentent.
Alain Tanugi
Fondateur & Président d’honneur de France Mentor
Fondateur du Collège du Président