Le mentorat en questions avec Muriel Pénicaud

Le mentorat, ça existe depuis combien de temps ?
Ça remonte à la nuit des temps et ce n’est pas par hasard que, depuis 25 siècles, on en parle, car cela correspond à une logique de transmission humaine, d’écoute humaine, de bienveillance qui permet à l’autre de grandir et de se poser les bonnes questions, qui à toute époque, dans tous les siècles, dans toutes les générations est important. La transmission n’est pas qu’intergénérationnelle, elle est aussi de personne à personne, qui se choisissent, mentor et mentoré, pour faire un bout de chemin ensemble.

C’est quoi les défis du mentorat ?
D’abord, il y a des défis à surmonter dans le mentorat, pour ne pas le confondre ni avec une attitude paternisante, ni avec le coaching. Il y a là un peu de subtilité. Ce n’est pas le mentor qui va dire ce que doit faire le mentoré. C’est quelqu’un qui doit l’aider à prendre confiance en soi, à se poser des questions, à oser rêver peut-être plus grand que ses rêves, à trouver les réseaux, les appuis… C’est une attitude qui est vraiment de la maïeutique, c’est vraiment de la bienveillance, mais qui n’est pas de la guidance et je pense que c’est important de l’expliquer aux futurs mentors, car certains ne se sentent pas la capacité et la responsabilité de guider quelqu’un, mais il ne faut pas qu’ils le fassent. Ce n’est pas à eux de guider, sinon c’est que c’est raté. C’est le mentoré -malheureusement, c’est un adjectif passif, mais pour moi, c’est un adjectif actif-, c’est lui ou elle qui prend son destin en mains, et qui est aidé, accompagné par quelqu’un qui va lui offrir un effet miroir, une bienveillance. Oser rêver plus fort et oser agir plus fort.

3 conseils pour les jeunes ?
Pour des jeunes femmes ou des jeunes qui ne sont pas nés « avec une cuiller en argent », donc qui n’ont pas forcément les réseaux, les codes de l’univers professionnel, je donnerais 3 conseils :
Le premier, c’est vraiment important que vous trouviez un mentor, cela va vous aider, car les sujets de confiance en soi, de sentiment d’être légitime, mais aussi tout simplement de trouver des réseaux, et trouver des réseaux, c’est extrêmement important, c’est un des leviers de l’ascenseur social. C’est une des choses que j’aime bien dans le mentorat, c’est un moyen soft aussi de recréer l’égalité des chances dans les carrières professionnelles, ce n’est pas le seul, ce n’est pas une baguette magique, mais c’est un contributeur qui est fort. Donc ça, c’est le premier conseil, c’est entourez-vous d’un mentor, entourez-vous de réseaux.
Le deuxième conseil, c’est vous avec vous. Je pense qu’on ne peut réussir durablement et en étant raisonnablement heureux que si, en fait, on trouve une voie ou on trace une voie qui correspond à vous-même. N’utilisez pas le mentorat ou même le coaching ou autre chose, juste pour être conforme à quelque chose que vous voyez, parce que là vous allez vous rater. Si vous vous ratez, … Moi, j’ai eu cette intuition quand j’avais 25 ans. 25 ans, j’avais déjà une vie professionnelle qui démarrait fort et j’ai tout abandonné pendant un an, parce que ma phrase à l’époque, c’était : « mes baskets sont confortables, mais je ne suis pas sûre que ce soient les miennes. » Moi, il m’a fallu un an, sac à dos, dans le monde entier pour trouver mes baskets, mais j’ai trouvé mes baskets. Et donc, c’est vraiment important parce qu’il y a le plafond de verre à la fois social et de genre, on se dit « il faut que j’imite comment ils font, pour que ce soit pareil ». Non, n’imitez pas, comprenez leurs codes et jouez votre partition. De toute façon, personne ne jouera votre rôle mieux que vous et vous êtes même la seule à pouvoir jouer votre vie.
Le troisième conseil, ce n’est pas de moi, c’est de Lady Gaga. Lady Gaga dit cette chose formidable : « Rêvez fort et n’abandonnez jamais ».
Alors, bonne chance !