10 questions à Christophe Robin
Nouveau mentor chez France Mentor
Avec plus de 35 ans d’expérience dans des industries stratégiques comme l’aéronautique, la défense, et la sécurité, quels moments clés de votre carrière ont le plus marqué votre approche professionnelle ?
Ces moments clés sont évidemment pléthores. Serait-ce d’ailleurs étonnant, avec toutes ces années à parcourir le monde, du jeune commercial au développeur d’affaires et chef d’entreprise, en passant par des fonctions de communication et d’influence à caractère institutionnel, géopolitique, voire empreintes de diplomatie ?
Les moments clés, ceux qui m’ont aidé à me construire, à progresser, sont surtout de belles rencontres. Avec, à 25 ans, des responsabilités précoces au sein du groupe Thomson-CSF qui allait devenir Thales, j’ai eu la chance de très tôt côtoyer et travailler avec des dirigeants d’exception, et je pèse mes mots. Sans le savoir, avec leur bienveillance à mon égard, leur confiance et leur exigence, ils ont, de fait, été mes premiers mentors.
C’est bien l’illustration que le mentorat peut être et doit être une pratique enrichissante pour les deux partenaires, une pratique vertueuse. Ayant beaucoup reçu, jeune, il est temps désormais pour moi de donner, de transmettre cette expérience. Le mentorat, qui mérite d’être encore développé et davantage connu, y trouve sa raison d’être, comme France Mentor d’ailleurs.
Vous avez occupé des postes de leadership dans des entreprises comme Thales et le GIFAS. Quelles compétences essentielles avez-vous développées à travers ces expériences qui continuent de guider vos décisions aujourd’hui ?
J’avais déjà, à travers plusieurs structures (My Job Glasses, Elles Bougent, Planète Sciences, Défense Mobilité…), expérimenté ce rôle de mentor. Et ce avec beaucoup de plaisir, celui du partage d’expérience et de la transmission.
Avec France Mentor, je découvre une organisation d’experts du mentorat. Je découvre une communauté de très belles personnes positives dans une structure à taille humaine, permettant à chacune et chacun de s’exprimer dans un fonctionnement collégial ouvert. Enfin, les valeurs qui animent l’association sont celles que je partage. Je suis donc heureux de pouvoir poursuivre mon expérience de mentor en la professionnalisant au contact de mes pairs.
Ma contribution ? Je viens de rejoindre France Mentor, mais je vois d’ores et déjà trois axes majeurs de contribution : mon expérience du mentorat bien sûr, mais aussi mes capacités à développer l’association, à la booster encore davantage, que ce soit en termes de business development, de rayonnement et de communication, et enfin en lui faisant bénéficier de mon carnet d’adresses pour élargir sa base, notamment à l’international.
Vous avez récemment rejoint France Mentor. Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette organisation et comment envisagez-vous votre contribution au sein de ce réseau en tant que mentor ?
J’avais déjà, à travers plusieurs structures (My Job Glasses, Elles Bougent, Planète Sciences, Défense Mobilité…), expérimenté ce rôle de mentor. Et ce avec beaucoup de plaisir, celui du partage d’expérience et de la transmission.
Avec France Mentor, je découvre une organisation d’experts du mentorat. Je découvre une communauté de très belles personnes positives dans une structure à taille humaine, permettant à chacune et chacun de s’exprimer dans un fonctionnement collégial ouvert. Enfin, les valeurs qui animent l’association sont celles que je partage. Je suis donc heureux de pouvoir poursuivre mon expérience de mentor en la professionnalisant au contact de mes pairs.
Ma contribution ? Je viens de rejoindre France Mentor, mais je vois d’ores et déjà trois axes majeurs de contribution : mon expérience du mentorat bien sûr, mais aussi mes capacités à développer l’association, à la booster encore davantage, que ce soit en termes de business development, de rayonnement et de communication, et enfin en lui faisant bénéficier de mon carnet d’adresses pour élargir sa base, notamment à l’international.
Votre expertise en stratégie, business development et gestion de crise est vaste. Comment adaptez-vous ces compétences pour conseiller vos mentorés face aux défis du marché actuel ?
Ces défis sont multiples et protéiformes car il y autant de marchés et de situations que d’entreprises ou d’entrepreneurs. L’avantage de disposer d’une large expérience est d’avoir vécu nombre de situations, dans autant de contextes et de types d’entreprises, des grands groupes internationaux du CAC40 à la PME et à la startup.
Avec l’énergie qui est la mienne, je compte constituer une force de frappe au service de mes mentorés, avec une capacité à affronter le maximum d’axes de développement d’une entreprise comme d’un parcours professionnel. Mon mentorat devrait permettre d’appréhender un large spectre de situations et de contextes, avec une certaine sûreté pour conseiller à bon escient compte tenu de mon expérience. Avec mes mentorés, cette force de l’engagement nous fera alors aller plus loin, ensemble.
En tant que réserviste citoyen au sein de Défense Mobilité, vous aidez les officiers à se reconvertir dans la vie civile. Quels parallèles pouvez-vous faire entre ce rôle et vos engagements en matière de mentorat pour des jeunes professionnels ?
Pour celles et ceux qui seraient peu familiers avec Défense mobilité, cette organisation est le service des transitions professionnelles du ministère des Armées, en charge d’accompagner la reconversion des militaires vers la vie civile, incluant également l’accompagnement des conjoints. C’est une très belle et noble mission, au service de ces femmes et hommes, et aussi de la France. Je coopère avec eux depuis 2011, lorsque j’ai lancé mon activité de Chasseur de Têtes, de recruteur de cadres dirigeants.
Oui, existent de nombreux parallèles et la situation de ces officiers est parfois assez similaire à celle des jeunes professionnels évoqués. C’est souvent – au moment où ils s’engagent dans cette démarche de transition – un saut dans l’inconnu similaire à celui que vivent certains jeunes diplômés. Et ils peuvent avoir le sentiment que le parachute s’ouvre plus ou moins bien.
Alors, la première vertu, je crois, est le dialogue, l’écoute, la proximité, la compréhension de leurs vie et problématiques et, issue de ce cheminement, découle la confiance.
Le mentorat est particulièrement bien adapté à cette situation. Et comme déjà dit, les similitudes sont fortes dans la façon de les conseiller, les guider au moment d’aborder ce nouvel environnement.
Ainsi en est-il de l’approche toujours prioritaire de « se vendre ». Comment se présenter à un futur recruteur, certes, avec le traditionnel CV, mais aussi les bons codes, une bonne connaissance et maîtrise de sa propre identité numérique, une certaine appréhension (au sens positif du terme) et maîtrise du fonctionnement des réseaux sociaux… Se familiariser avec le marché de l’emploi ou du recrutement, faire du networking, ouvrir des portes, faciliter les contacts, aider en dispensant des sessions de formation, autant de similitudes dans les deux situations que sont militaires en reconversion et jeunes diplômés.
Au cours de votre carrière, vous avez vu évoluer l’industrie de l’aéronautique et de la défense. Quels changements majeurs avez-vous observés et comment ces transformations influencent-elles la manière dont vous préparez vos mentorés à réussir dans ces secteurs ?
Les transformations de l’industrie aéronautique, de défense et de l’espace en près de 35 ans ont tout simplement été innombrables, de l’ouverture à une possible industrie européenne de défense consécutive à la chute du mur de Berlin, à la guerre d’Ukraine de nos jours aux portes de l’Europe, et tant d’autres conflits actuels ou en devenir. Dans l’aéronautique civile, nous payons aujourd’hui encore la crise de la Covid avec les difficultés de la filière industrielle à rebondir, avec une crise de la demande à laquelle succède une crise de l’offre, et induites, des difficultés de production et de livraison liées entre autres aux sujets de formation et de recrutement. Quant à l’espace, l’évolution de ce marché, ces dernières années, a été plus que fulgurante et contrastée.
Dans un monde en ruptures, que je connais bien, ce que je peux dire à mes mentorés est que rien n’est jamais tenu pour acquis. Mais rien n’est perdu ou impossible non plus. Regardez, il y a quelques années, la filière aérospatiale s’est trouvée au bord du gouffre avec la crise de la Covid, et pourtant…
Conseils : ne jamais désespérer, mentalement se sentir prêt à rebondir et surtout être en permanence en quête d’innovation et de valeur ajoutée. Flexibilité, résilience, bonne appréhension et compréhension des marchés, autant d’aspects sur lesquels le mentor peut apporter son expérience et ses lumières. Je rajouterais qu’en sortie de crise, les aspects financiers et de négociation avec les institutions financières (prêts, PGE..) sont cruciaux. Un mentor agile dans ces domaines, avec de l’expérience, peut apporter beaucoup.
Vous êtes également très impliqué dans l’executive search et l’assessment de dirigeants. Quelles sont les qualités que vous cherchez chez un leader, et comment aidez-vous vos mentorés à développer ces qualités ?
Les qualités d’un leader constituent un large sujet de débat, les curseurs pouvant être déplacés aisément, l’être humain n’étant pas standardisé.
En termes de qualités, je privilégierais : vision stratégique d’ensemble, écoute et empathie, capacité à la prise de décision et une saine connaissance et vision de soi. Sur ce dernier point, il est important que les dirigeants soient conscients des limites de leurs connaissances et de leurs compétences, et où ils doivent s’améliorer. Enfin, l’éthique, l’intégrité et l’exemplarité sont des valeurs qui constituent un must pour les jeunes salariés d’aujourd’hui.
Votre double formation en sciences politiques et à l’Institut Supérieur d’Armement et de Défense, complétée par un Executive MBA, vous offre une perspective unique. Comment cette diversité académique influence-t-elle votre manière de guider vos mentorés sur des questions stratégiques et managériales ?
Cette diversité académique constitue, me semble-t-il, un atout face aux marchés que nous avons évoqués et au monde complexe qui est notre contemporain. Elle élargit le domaine des compétences et des possibles.
Je dirais que dans l’approche pratiquée avec mes mentorés, je n’oublie jamais la dimension de l’ouverture aux idées nouvelles et novatrices ou aux nouvelles pratiques, souvent prônées et promues par les plus jeunes générations. Qui pourrait nier, pour prendre un exemple, leur influence vertueuse sur nombre de politiques publiques ou privées liées à l’environnement, et dans notre monde industriel de souveraineté, des sujets aussi sensibles que la décarbonation du transport aérien ou la dépollution de l’espace ? Autant de causes chères à mon cœur…
Donc, écoute, dialogue, ouverture, information sérieuse, multi-source et vérifiée, sensibilisation à la diversité des nouveaux modèles, capacité d’avoir – tel le boxeur – du jeu de jambe, et du recul, thinking out of the box pour aller plus loin et innover. Ne pas se baser sur les seuls référentiels convenus, imaginer et aller et voir toujours plus loin.
Vous avez été membre de plusieurs Conseils d’Administration et Comités Exécutifs. Comment vos expériences à ces niveaux de responsabilité influencent-elles les conseils que vous donnez à vos mentorés, notamment en matière de gouvernance et de prise de décision ?
Ces expériences m’inspirent plusieurs niveaux de réflexion.
En premier lieu, faire appel à l’intelligence émotionnelle et comportementale : simplicité et empathie. Je dirais qu’il est important pour chacun, au moment d’une évolution ou d’une promotion, de toujours garder en tête son parcours personnel. Pour parler simple, toujours garder à l’esprit d’où nous venons, comment nous avons grandi dans la société en question. Quelques suggestions simples : garder le contact avec le terrain, avec les équipes qui vous ont permis d’atteindre ce point, se préserver des plages d’échanges, à l’instar de ces responsables politiques nationaux ne perdant pas le contact avec leur circonscription. Lors de son triomphe, un esclave ne rappelait-il d’ailleurs pas à l’empereur romain : « Respice post te! Hominem te memento! » (Regarde derrière toi. N’oublie pas que tu es un homme.) ?
En second point, ces diverses expériences qui ont été les miennes à ces niveaux de responsabilité permettent un échange soutenu, d’autant plus que mon spectre d’intervention est large et renforcé par le fait que j’ai été le porte-parole officiel tant du groupe Thales que du GIFAS avec une vision à 360° des problématiques.
Intégrer pour la première fois un Comité Exécutif ou de Direction est un exercice politique, complexe, qui nécessite étude, évaluation des rapports de force, se chercher des alliés… Comme sur un champ de bataille d’ailleurs ou dans le domaine politique.
Le rôle du mentor, expérimenté en ce sens, peut être celui d’un sésame auquel il ajoutera ses compétences techniques ou de management spécifiques à la structure ou au domaine d’activité concerné. Il sera de bon conseil en termes de gouvernance pour s’assurer de la bonne direction à prendre, de la claire perception et compréhension des enjeux stratégiques. Il sera de bon conseil en termes de prise de décision, rapidité, évaluation, concertation…
Pour finir, quel conseil donneriez-vous à un jeune professionnel qui aspire à une carrière dans l’industrie de la défense ou de l’aéronautique, et qui souhaite également développer ses compétences en leadership ?
Osez ! Foncez !
Je rappellerais surtout à cette jeune ou ce jeune professionnel en devenir que l’industrie de l’aéronautique, de la défense et de l’espace a besoin de tous types de profils : jeunes et expérimentés, d’ingénieurs et de techniciens – mais pas seulement – et que la filière prévoit de recruter plus de 25.000 personnes cette année encore, du CAP à Bac+8 ! Cette filière sait donner sa chance à toutes et tous, sait accueillir tous les profils, y compris les jeunes filles et femmes qui imaginent que cette industrie n’est pas faite pour elles… à tort.
Dès aujourd’hui, cette industrie invente l’avion de demain avec les talents de demain.
Ambition et passion sont donc les bienvenues, associées, si possible, à une formation la plus solide possible car cette industrie est véritablement une industrie d’excellence. Mais cette industrie, inclusive, forme aussi ses salariés.
Donc, osez et foncez ! Et rejoignez l’industrie aéronautique et spatiale ! Et, si besoin, un mentor de France Mentor saura vous accompagner dans votre projet professionnel.